Tell me how I'm supposed to breathe with no air
Can't live, can't breathe with no air
It's how I feel whenever you ain't there

La douleur et le manque. Tu te réveillais chaque matin, l’aube flamboyant ta chevelure havane, le coeur aussi vide que ton estomac. Une sensation que quelque chose manque à ta vie, malgré le sourire des courtisans, le rire des habitants, l’odeur du pain des artisans. Tout pourrait contribuer à ton bonheur, à commencer par celui de ton peuple.
Mais c’en était assez.

Quand est-ce que toi, tu aurais droit au bonheur également ?
C’était son sourire à lui qui te manquait, passer devant cette porte tous les matins, le pas lourd et le regard évanoui par le silence. Un autre garde, qui te salue d’un révérence insipide. Il te craint, te respecte et n’osera surement jamais t’adresser la parole.

S’il avait été là, il aurait surement ensoleillé cette journée qui s’annonçait si terne.
Après la réunion matinale, tu décides de confier à Nassim le soin de te remplacer en doléance. Tu avais besoin de sortir, sans que personne ne le sache. Tu avais besoin de t’enfuir de ces terres qui t’appartiennent mais te gardent pourtant prisonnière.

Enfilant ta cape, détachant ton immense chevelure pour la laisser flotter derrière toi. Sans maquillage et artifices, juste le naturel d’une femme comme les autres. Sans couronne, seulement ta baguette, sans ornements et définitivement sans courbette.

L’impression de liberté te suffit, tu veux pouvoir te poser près d’un point d’eau, prendre du temps pour toi loin des responsabilités, sans pour autant les oublier. Lire dans le silence en admirant les roseaux se tordre sans jamais plier.

Alors tu avais marché, une heure peut-être deux. Un endroit désert, mais tu te trouvais encore en terres de la couronne. Tu savais que tu ne risquerais rien même perdue en pleine nature. La magie, cette douce amie qui jamais ne te quitte, et jamais ne parjure.

Assise au bord de l’eau, la brume est de plus en plus intense, renforçant ce sentiment d’isolement. Une grenouille vient se poser à tes pieds, et alors la Isadora si froide et si réservée éclate en sanglots. Depuis combien d’années n’avais-tu pas pleuré ? Même à l’annonce de la disparition de Lucius, tu étais resté forte, droite et imbrisable. Les yeux à peine humides, tu avais marché jusqu’au trône sans trébucher.

Et pourtant.
Le vide. Il était si présent, si intense. Le désespoir et la solitude. Tu avais gagné la confiance de tes sujets, aimée de presque tous ceux qui avaient prêté allegeance à Aquila.
Et maudite par ces lions qui ne comprenaient pas ton combat.

Liontari, l’antre débordant d’insouciants, d’inconscients et de traitres.
Finn, tu ne l’as pas oublié. Comment le pourrais-tu après toutes ces années ?
Un des rares qui t’arrachait un sourire, bouleversait le rythme des battements de ton coeur, normalement si mesurés et calculés.

Un bruit attire ton attention et tu te retournes rapidement, sortant ta baguette avec une vitesse presque surhumaine. Un geste d’attaque et non de défense, que tu répétais semaine après semaine. Ton visage se décompose quand tes yeux croisent ceux de celui qui osait se tenir face à toi. A nouveau, ton coeur s’emballe et ton encéphale plonge dans l’abyssal.

Plus d’air.
Tu n’arrives plus à respirer.
Es-tu heureuse, surprise ou en rage ?
Aucune idée, tu essuies tes yeux rapidement sans pourtant abaisser ta baguette.

— « Toi. Qu’est-ce que tu fais ici ? »

Ta voix est sèche, sans pitié alors que ton coeur t’ordonne de ne pas pleurer.
Encore.