pardonne-moi si cette lettre t'arrive un peu tard, j'ai été submergé par le travail et le suis toujours d'ailleurs... T'écrire est le moment de repos que je m'accorde dans cette journée qui défile bien trop vite pour tout ce qu'il me faut faire...
Avec le tournois qui arrive, l'atmosphère devient plus tendue chaque jour qui passe. Tout le monde s'active et se prépare en affichant de grands sourires enthousiastes, mais je ne peux m'empêcher de sentir toute l'appréhension et la peur qui bout autour de moi. Le moment est d'autant plus spécial que l'un des chef à disparu, donnant aux duels une dimension qui ne peut que m'inquiéter... Sans oublier que nous avons chez-nous un tout nouvel arrivant. Un jeune garçon revêche, voire brutal qui est davantage perdu et déboussolé que méchant. Nous sommes tous passés par-là, alors je ne peux m'empêcher de lui vouer une profonde bienveillance. Veillez sur lui et surtout essayer de lui éviter les ennuis se révèle tout de même compliqué. Tout cela m'occupe beaucoup, tu l'imagines, et je ne peux m'empêcher d'être tendu sans avoir le droit de le laisser paraitre.
Cependant cette étrange histoire concernant ce voisin m'a beaucoup amusé et fais rire ! C'est une histoire bizarre, pas franchement marrante en vérité, mais cette manière que tu as de raconté m'a fait sourire. D'où viennent de pareilles idées ? Serait-ce toi qui as proposé de faire une telle chose ? Cela te ressemblerait bien ! Ton cabinet et ces nouveaux objets que tu as trouvé attisent ma curiosité, dis m'en plus ! A moins qu'il ne s'agisse de trésors dont tu préfères garder les secrets ?
En comptant toujours sur ta discrétion au sujet de nos discussions, j'attends ta réponse avec impatience. Je suis désolé, cette lettre n'est pas très fournie. Sans cesse le devoir me dépêche. Je te souhaite une bonne journée ou soirée !
Ne t’excuse pas, nous sommes deux adultes avec une vie bien remplie et je suis quelqu’un de très patient. Et comme tu l’as écrit, cette histoire de tournoi ne cesse d’envahir notre quotidien. Moi-même, pourtant reclus chez moi comme à mes habitudes, j’arrive à me faire polluer par les nouvelles et les affiches sur le sujet, elles pullulent sans cesse que c’en devient fatiguant. Je ne comprendrai sans doute jamais l’engouement autour de telles activités… De la même manière qu’on ne comprendra pas mes goûts singuliers, j’imagine ! Pour ce jeune homme, je te reconnais bien là, à toujours vouloir bien veiller sur les uns et les autres mais je continue de penser que cela te causera bien des problèmes un jour ou l’autre. La méfiance est la clé mon ami ; reste sur tes gardes.
Concernant cette drôle d’histoire avec mon voisin et sa femme que j’aurais empaillé, c’était une belle plaisanterie, rassure-toi. Je ne fais pas d’amalgame entre mes deux métiers - fort heureusement, j’ai encore toute ma tête ! Je ne cache absolument pas mes possessions, car cela deviendrait réellement malsain autrement - louche, aussi. Cela s’apparente à une simple bibliothèque sur laquelle j’ai entreposé un tas de babioles peu communes - des ossements, foetus d’hippogriffe dans un bocal, de petits animaux empaillés, des pierres étranges… Tout ce qui, à mes yeux, me semble bizarre a le mérite de se retrouver exposer ici. Tu sais, ici, on me prend véritablement pour un illuminé mais je crois que nous avons tous une curiosité morbide qui se tapie au fond de nous. J’ai fait le choix de l’assumer, voilà ma seule différence. Je t’enverrai peut-être un jour, un échantillon de mes trouvailles si jamais quelque chose d’assez petit et costaud peut se faufiler dans une lettre. Si cela t’intéresse, bien entendu.
Bien à toi, B.
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