Cela avait été une assez bonne journée ... qui aurait pu être encore meilleure si tu avais battue Effie la vieille et que tu aurais pu balancer quelques crottes de nez en plein milieu d'un duel. Mais non, à la place tu te retrouvais à morver un peu partout à cause d'un mauvais rhume. En fait, quand on réfléchit bien, ça n'avait rien eu d'une bonne journée, et tu avais plutôt hâte de rentrer chez toi, à la Ruche, en espérant croiser Ange et juste passer la nuit à parler de tout et de rien, pour passer le temps, ainsi que de la féliciter pour le combat qu'elle avait fait hier. Ah, tu étais fière d'elle. Un peu de toi, aussi, étant donné que tu lui avais à peine forcé la main pour qu'elle participe. Quelle généreuse amie tu fais là, Chaussette.
Pour une fois, tu ne revenais pas de chez les Aquilas, étant donné que l'activité principale actuelle de l'Enclave se déroulait à Ingary. Pourtant, ça ne t'avait guère empêché de rentrer aussi tard que ces jours-là.
Tu avais ouvert ta porte, la visage un peu fatiguée, la mine un peu malade, et tu étais rentrée avant de refermer derrière toi. Sauf que, horreur, une voix reconnaissable résonna dans ta demeure. Plus vite que la lumière, tu lui fis face, les yeux aussi gros que l'estomac de Paco. « I ... Isa ?! » Qu'est-ce que faisait donc la reine des Aquila chez toi ? Certes, elle était dans le coin à cause des duels, mais dans ton appartement. Tu es prise d'une sueur froide. Est-ce qu'elle sait ? Impossible, tu n'as rien fait de mal ces derniers jours. Alors quoi ? Elle vient seulement passer une pyjama partie avec toi, pendant qu'elle est loin de son royaume ? Tu ne sais pas trop quoi faire, mais on peut clairement lire sur ton visage que tu n'es pas à l'aise. Tu tentes blaguer, de rire, pour casser un peu l'ambiance chargée qui se dégage de cette situation. « Tu es venue me féliciter de ma performance de l'autre jour ? Ou te moquer de celle d'Effie ? » Comme vous auriez pu le faire à l'époque où elle n'était pas encore reine.
Tu tentes de te détendre, de faire comme chez toi, sauf que tu longes les murs pour marcher, et que tu n'oses même pas t'asseoir sur ton lit étant donné qu'elle ne t'a rien ordonné.
Oui, tu avais compris qu'elle connaissait ton nom, qu'elle s'en souvenait, pas besoin de le répéter trois fois. Est-ce qu'elle était malade ? Alcoolisée ? Tu es un peu perplexe sur la situation actuelle. D'un côté, elle agit comme Isadora, mais d'un autre, il y a quelque chose qui cloche, et tu ne peux même pas oser lui dire quelque chose parce que ... attend est-ce qu'elle vient de te menacer ? Oui, tout à fait. Très bien, ça ne rigole plus. Si elle cherchait la guerre, la petite dame, tu allais lui trouver. Tu la jauges de haut en bas alors qu'elle est si proche que cela, et tu te décides de te lancer en croisade face à cette méchanceté illégale pour deux anciennes amies. Mademoiselle Isadora la Reine allait regretter; peu importe de quoi tu étais coupable, tu allais te battre jusqu'au bout.
Tu renifles ta morve juste devant son visage, histoire de la dégoûter un peu, avant d'avoir un mouvement fluide du doigt devant son visage, comme pour lui faire un signe que non, aç allait s'arrêter là. « Isa, Isa, depuis quand portes-tu une perruque dis moi ? Parce que tes cheveux sont d'un rose immonde. » C'est un combat de filles, n'oubliez pas, et qu'il est toujours question de critiques plutôt que de violence. Surtout que c'est vrai, tu as l'impression que ses cheveux sont étranges, qu'il y a un truc qui cloche. Et plus tu plisses les yeux, et plus tu vois des petits détails qui ne sont pas bons. « T'as pas oublié tes talons aiguilles ? » Si quelqu'un t'entendait parler à la reine ainsi, tu allais te prendre une branlée, clair net et précis. Le truc, c'est que tu te permets beaucoup de choses, Chaussette. Tu fais un peu ta princesse, en lui parlant comme si c'était ta pote. Mais les temps changent, c'est plus vraiment le cas. Sauf que tu t'en fous.
Tu hausses les épaules, prenant un peu confiance en toi. Tu bouges dans ta pièce, tu tournes autour d'elle, alors que ce n'est pas ça ton rôle, ce n'est pas sa ta place. « T'es pas clean, là, Isa. » Tu annonces ça comme un fait irréfutable, sans aucun doute dans ta voix. « Tu sais pas ce que tu dis. » Tu fais référence à cette punition que tu mérites, parce que franchement, pour une fois que tu es innocente, tu ne vas pas te laisser marcher dessus. Déjà que tu ne te laisses pas faire quand tu es coupable. « Et tu sais comment je le sais, Isa ? » Tu renifles une nouvelle fois, tu te remets là où tu étais au début de tout ça, plongeant tes yeux dans les siens, prête à annoncer un fait irrévocable. « Parce que d'habitude, vous parlez en vers, ma reine. »
Tu as clairement pété plus haut que ton cul et tu le regrettes déjà, mais ton amour propre mérite mieux qu'une carpette, sérieusement. T'es prête à te prendre une gifle dans trois, deux, un ...