wolfie n’est pas un gamin en phase terminale de cancer ou un enfant avec une vie d’enfer. il est juste là avec son érythème, à essayer de faire comme si le flot de ses mauvaises pensées ne lui explosait pas en pleine gueule à chaque seconde. avancer avec lui c'est comme avancer au bord d'un gouffre avec des bourrasques à 100km/h. wolfie est le souffle du vent sur un visage, le mistral qui brise l’équilibre. il est la tempête, violente et dévastatrice, éclatante et brusque.

c'est une tempête. passionnée et impulsive. effroyable et tranchante. il est la tempête qui détruit, qui pousse du haut des buildings quand on marche trop près des bords –du haut des ponts ou des précipices. il est le cachet de trop, l’entaille trop profonde, le nœud du pendu, le rond du canon sur une tempe, un dernier au revoir, une lettre d’Adieu.

il est les mauvaises idées. vous savez, ces idées un peu noires –un peu pourpres, à vrai dire– un peu velours, plus sombres que la nuit. ces idées qui vous poussent à vos retranchements, à vos dernières limites.
ce n’est pas vraiment le genre de garçon à qui on fait confiance et puis, pas vraiment le genre à qui on devrait parler, pas vraiment le genre avec lequel on devrait traîner. on ne devrait pas être là avec lui on ne devrait pas l’écouter. on devrait s’enfuir, il y a tellement d'autres garçons. il y a tellement d’autres personnes, des meilleures personnes. il est maudit, il fout en l’air les gens.

wolfie est pathétique: de son poids plume de ses yeux de biche de ses cheveux en bataille jusqu'à ses mains marmoréennes. de son regard un brin paranoïaque à son sourire presque inexistant –on a envie de l'aimer wolfie comme un malheur chéri comme une mélopée émoussée comme un ange carbonisé. il a les yeux trop clairs wolfie comme si on les avait plongés dans de l'eau de javel avant de les introduire dans ses ellipses. ce qui était intriguant c'était cette chose rouge sur son thiorax -on aurait dit que le mal s'était épris de son épaule droite tandis que l'autre prorata restait laiteuse et délicate. de longs cils brumeux frangeaient ses yeux il avait la peau blanche –cendrée, des lèvres fines et églantines, et des dents blanches parfaitement alignées. il avait les joues purpurines et de petites rides se formaient au coin de ses yeux lorsqu'il se mettait à sourire.

wolfie il ressemblait à une antique fresque d'un prince au visage négligé. il n'était qu'un pauvre papillon aux papilles explosives. on ne voyait pas en lui le corps d'un homme mais des membres ridicules qui peinaient à supporter leur propre poids. c'est un cataclysme, il ne sait pas faire grand chose. mais wolfie excelle dans l'art de tout foutre en l'air, de gâcher les gens, de les tuer à petit feu: il n'est bon qu'à ça. il est ces flammes alourdies par l'espoir éteintes par la haine ((la rage la hargne)) il est aussi ces mots balancés à la gueule du ciel susurrés aux étoiles soufflés dans l'air d'un matin d'hiver fredonnés à la nuit -wolfie passe de jours neige à nuits ensoleillées.

il aurait aimé croire en lui, il aurait aimé croire aux autres. il aurait aimé devenir cette forteresse où ni la peur, ni l'angoisse, ni la tristesse, ni la colère ne pourrait traverser les murs. il aurait aimé vivre par lui-même. il aurait aimé ne plus avoir peur d'être celui qu'il est aujourd'hui.

et il sourit puisqu'il n'y a plus que ça pour les convaincre qu'il y a encore un peu de vie en lui. avec son sourire qui pue l'angoisse et ses yeux qui hurlent au secours, à faire comme si il ne foutait pas en l'air les gens qu'il croise, les gens qu'il connait, les gens qu'il aimait.

mais d’un autre côté
il a raison
c'est tellement
plus facile
de sourire
plutôt que
d’être heureux.