I was lost until I found you
now I'm lost
and on the run from the cops
on te parlait d’un démon, de possession, de malédiction.
dans l’enclave où la plus sombre des magie ne se composait que du trio des impardonnables, tu doutais de la véracité de ces rumeurs : et pourtant. à force de voir des fantômes, l’existence d’une sorcellerie - une véritable sorcellerie, qui admettait le contrôle de force noire puissante - ne t’était plus si absurde. d’autant plus qu’en tant que garde du corps (un titre qui te sonnait parfois si inexplicablement étranger), il était de ton devoir d’enquêter sur tout et n’importe quoi.
et surtout n’importe quoi.
d’où ta filature de sahara, un désempoisonneur à la solde d’aquila. la plupart du temps, ce n’est pas toi qui le talonnait, mais tes fantômes, dont l’un en particulier : aymeric. tu t’étais joint à lui pour faire bonne figure, qu’il réalise que tu veillais encore et toujours, éternellement, et même si ton spectre ne l’avouerait jamais, la compagnie était agréable.
voilà qui expliquait pourquoi vous suiviez le garçon, et pourquoi vous vous perdiez de concert dans le bois au loups, un lieu que tu ne portais pas dans ton cœur, ne serait-ce que par son nom. à côté de toi, aymeric s’amusait à décrire chaque actions de l’aquila avec suspicion : si il s’était perdu jusqu’au fond de la forêt, c’était pour invoquer le diable ou pire - pour se changer en diable. ou trouver un pauvre mage à tourmenter. ou faire des sacrifices humains. ou du cannibalisme.
le fait était qu’il suivait sahara depuis un moment, et qu’il n’avait rien découvert, sinon que : ses cheveux étaient longs à coiffer (est-ce que ça a la moindre importance ? avait demandé décima. ça veut dire qu’il a des bras puissants, avait répondu aymeric. elle s’était contentée de froncer les sourcils, sans comprendre le rapport.) ; il était plutôt beau garçon (c’est relatif, avait dit décima. tu verras quand tu le verras, avait assuré aymeric) ; et qu’il portait des talons chez lui (c’est plutôt courageux de sa part, avait commenté décima, pour qui l’idée de porter des escarpins pour le plaisir était absurde. ça lui fait de belles jambes, avait juré aymeric. décima ne pouvait que soupirer.)
ainsi, quand sahara débuta sa transformation ponctuée de craquements d’os et de cris de douleurs, aymeric ne s’attendait pas à ça. toi non plus, mais plutôt que d’imiter ton spectre, et de t’agiter dans tous les sens, complètement paniqué, tu t’étais contentée de croiser les bras et de fixer la scène avec des yeux plissés. on te disait impassible, et à juste titre. ce n’était cependant pas le cas de ton partenaire, qui répétait ça y est, il se transforme en démon, ça y est !, dissimulé derrière son arbre. et puis je vais voir ça de plus près.
peut être était-ce parce qu’il avait fait l’effort de se cacher pendant toute votre filature, mais pendant un instant, un court instant, mais un instant fatal, tu oublias qu’il était un spectre, invisible aux autres yeux que les tiens. alors tu le suivis, l’interpellant d’un aymeric, non !, que tu regrettas amèrement à la seconde où le regard de sahara se posa sur toi. huh ? dit-il. et huh ?? rétorquas-tu avec le même ton, complètement prise au dépourvu.
au prix de nombreux efforts, tu retins une série de jurons, maudissant ta stupidité et l’impulsivité d’aymeric, qui était désormais derrière le garçon, en train de montrer ses ailes avec de grands mouvements exagérés, les yeux écarquillés. je peux les voir, abru..., commenças-tu, fatiguée par cette aventure qui venait à peine de commencer. puis tu te rappelas pour la seconde fois de la journée que tu ne faisais pas face à un autre nécromancien, et qu’il ne valait mieux pas trahir ton secret. enfin, nous voulons dire, euh. enfin, je, veux dire, ah ah. un regard noir en direction de ton fantôme, qui signifiait très clairement “tout ça, c’est de ta faute.” te voilà forcée de parler avec un singulier étranger à tes lèvres, pour ne pas étonner d’avantage le jeune garçon.
les mains devant toi, en signe de paix, tu te reconcentras sur ta situation, et le rôle que tu jouais. puis tu recommenças après un soupir agacé. bonjour. ce sont... de grosses ailes que vous avez là. est-ce que vous auriez peut être... besoin d’aide...? derrière lui, aymeric levait son pouce en signe d’approbation de ton pathétique début de conversation.
c’était une catastrophe.